Le besoin d’être touché
Nous avons besoin d’être touchés. Il s’agit d’un besoin vital, essentiel et indispensable. Et cela, que nous soyons bébé, enfant, adolescent, adulte ou aîné. En être privé apporte des problèmes d’ordre physique et psychique. Ce billet s’inspire d’un documentaire hors de l’ordinaire intitulé Le Pouvoir des caresses et diffusé sur Arte (chaîne télé culturelle franco-allemande). Il est disponible sur YouTube (le Pouvoir des caresses | ARTE).
L’interdiction d’être en contact physique les uns avec les autres à cause du contexte de la pandémie est une situation inédite dans toute l’histoire des primates. Une hausse de troubles psychiques et du taux de dépression dans le monde entier en découle. Il manque quelque chose à notre humanité : des mains bienveillantes. Et elles ne sont pas compensées par le virtuel, les visioconférences, le télétravail. Nous vivons une pandémie de solitude de masse. La carence en contact physique fait dépérir l’être humain.
Dès notre naissance, les caresses agissent sur notre température, notre respiration, notre glycémie, notre croissance, notre développement cognitif et nous permettent de discerner les limites de notre corps.
Les bébés chimpanzés en déficit de caresses peuvent mourir en quelques semaines. Les survivants ont des séquelles : croissance altérée, développement cognitif retardé, système immunitaire faible, difficulté à mémoriser.
Tout au long de notre vie, le contact physique bienveillant est capital pour notre santé. Les caresses, les baisers et les câlins expliquent la plus grande longévité des personnes vivant en couple.
Lorsqu’une personne bienveillante nous touche, le stimulus physique n’emprunte pas le même trajet que si nous nous touchons nous-même (R. Boehme, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 116(6), 2019).
Nous avons un type de terminaisons nerveuses spécifiquement dédiées au contact avec l’autre (H. Olausson, Nature Neuroscience 5(9), 2002). «Situées dans les zones pileuses, le dos et les avant-bras, ces « fibres du toucher-caresse” appelées nerf CT envoient leurs signaux électriques en direction de l’insula postérieure, une petite région du cerveau essentielle au déclenchement des émotions positives» ( R. Bacquet, https://alternatif-bien-etre.com > bien-etre > touchez-vous-les-uns-les-autres, 20 avril 2021).
«À la différence des autres fibres du toucher qui envoient leurs signaux aux zones spécialisées du cerveau à 240 km/h, celles du toucher affectif les émettraient à la vitesse de … 3 km/h!… Les chercheurs ont découvert que la caresse idéale est effectuée à une vitesse de plus ou moins 2.5 cm par seconde, avec une pression modérée et par une main affichant une température équivalente à celle du corps caressé, soit entre 32 et 34 degrés» (ibid.).
Il y a sécrétion d’ocytocine, l’hormone de l’amour, qui augmente la confiance, la sécurité et l’attachement, et aussi d’endorphine, l’hormone du plaisir. C’est pourquoi un toucher physique de consolation peut dépasser en efficacité les paroles.
De plus, «Les impulsions résultant des caresses amortissent les impulsions de douleur» (L. S. Löken, Nature Neuroscience, 12(5), 2009). «Voilà pourquoi les couples qui s’étreignent souvent sont… moins sensibles au stress extérieur» (R. Bacquet).
La meilleure alternative est le massage. Après 45 minutes de massage, les lymphocytes qui s’occupent de notre défense immunitaire augmentent de 87 %. De plus, la baisse du stress se manifeste avec une diminution du cortisol, du rythme cardiaque et de la pression artérielle (M. Diego, International Journal of Neuroscience, 106(1-2), 2001).
En période de pandémie, les caresses, les baisers et les câlins sont possibles dans la bulle familiale ou à défaut, les contacts cutanés en massothérapie. Ceci aide à contrôler l’anxiété, la dépression et les addictions.
Billet # 283