Le bonheur revisité
«Quand j’étais jeune, je pensais qu’il “suffirait” d’avoir le bon métier, le bon diplôme, la bonne voiture, la bonne épouse, les bons enfants, la bonne santé, pour être “heureux”. J’ai donc consacré une folle énergie pour obtenir tout ça. Pour moi, le bonheur, c’était comme atteindre le sommet d’une montagne : Tout ce que j’avais à faire, c’était de travailler vraiment dur, atteindre tous mes objectifs, et je serais heureux… Ce que j’ai trouvé en haut de la montagne, c’était la déception… J’en ai alors déduit que je m’étais trompé de montagne…La suite évidemment, c’est que le bonheur n’était pas non plus en haut de cette montagne» (J.-M. Dupuis, Santé Nature Innovation, 9 juillet 2020).
Nous pouvons alors vivre des périodes de résignation, de colère, de frustration, de désespoir, d’abattement… Jusqu’au moment où nous trouvons la porte. Il existe deux sortes de bonheur :
- Le bonheur en tant qu’émotion. « Il existe une loi que les psychologues appellent “l’adaptation hédonique”. C’est l’idée que, quelle que soit la chose qui produit en vous une émotion positive, et aussi forte que soit cette émotion, elle finit par s’émousser avec le temps» (promotion professionnelle, nouvelle maison, nouvelle rencontre, nouveau projet). «Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas profiter des plaisirs de la vie. Au contraire, il est très important de savoir célébrer, se réjouir, des belles choses qui nous arrivent. Mais c’est qu’il ne faut pas compter dessus pour être heureux» (J.-M. Dupuis,Ibid.).
- Le bonheur en tant qu’attitude face à la vie. «Il s’agit d’un tout autre type de bonheur… C’est la porte qui est cachée. Pour la trouver, et l’ouvrir, cela nécessite un processus délibéré, conscient, volontaire, soutenu généralement sur une longue période, pour aller à la découverte de soi-même et cultiver la bonne attitude vis-à-vis de l’existence, et ce en dépit de toutes les émotions négatives et malheurs qui peuvent nous arriver» (J.-M. Dupuis,Ibid.).
Quels sont les pièges :
- L’abondance. «Le confort est un bienfait incontestable… mais il ne fait jamais le bonheur» (X. Bazin, Santé Corps Esprit, 23 décembre 2020).
- La solitude. «Depuis 80 ans, des chercheurs examinent minutieusement le parcours de vie de plus de 700 Américains…Aujourd’hui, leur conclusion est sans appel : ce qui rend heureux et en bonne santé, ce n’est ni l’argent ni le succès… mais le fait de nouer des relations étroites, amicales ou amoureuses» (X. Bazin, Ibid.).
- La vitesse. Dans la vie moderne, notre état de conscience est constamment interrompu par un flux de stimulations : bruits, feux rouges, trafic, publicités, vitrines, nouvelles technologies… «Le problème est que notre cerveau n’est pas du tout fait pour cela…Car notre bien-être dépend en grande partie de notre capacité à être attentif : C’est lorsque nous sommes réellement présents à ce que nous faisons que nous sommes le plus heureux» (X.Bazin, Ibid.).
Comment éviter ces pièges ?
- Cultiver la simplicité. «C’est renoncer à l’accumulation de biens matériels dont nous n’avons pas besoin. C’est jouir des plaisirs simples de la vie en y étant pleinement présent. Cultiver la simplicité, ou la sobriété, c’est aller à l’essentiel… Heureusement, il existe des exercices pratiques qui nous aident à revenir à l’essentiel. L’un d’entre eux est le “mantra secret”, révélé par le philosophe Matthieu Ricard : “Je n’ai besoin de rien”» (X. Bazin, Ibid.)
- S’entraîner à la sérénité. Il s’agit de muscler son cerveau dans la durée pour l’habituer au calme et à la satisfaction du moment présent par la méditation de pleine conscience. «Ne soyez surtout pas intimidé par ce terme de “méditation”. C’est beaucoup plus simple et “terre à terre” qu’on ne le croit : il s’agit uniquement de s’arrêter quelques secondes ou quelques minutes dans sa journée, et de se concentrer sur l’instant présent» (X. Bazin, Ibid.).
Être reconnaissant. «Mais la gratitude est beaucoup plus qu’un médicament : c’est l’antidote le plus puissant de la modernité… parce qu’elle nous pousse à nous comparer à ceux qui ont moins, plutôt qu’à ceux qui ont plus» (X. Bazin, Ibid.) Dire merci et apprécier est magique.
Billet #318