Le cerveau, l’intestin et son microbiote

Dans les années 1990, il a été découvert qu’il existait un lien profond entre le système nerveux central et le système nerveux intestinal. Depuis, la recherche a prouvé que les interactions entre les neurones du cerveau et ceux du ventre étaient bilatérales. Et que le microbiote intestinal est impliqué dans la santé psychique et cognitive. Ce billet s’inspire de plusieurs articles parus dans Science & cerveau, no 22, juin- juillet- août 2024.

Le système nerveux intestinal est autonome, c’est-à-dire sans contrôle volontaire cérébral. Il est composé de 200 millions de neurones sensoriels, moteurs ou intermédiaires et de cellules gliales. Ces neurones sont à l’image de ceux du système nerveux central. Les deux systèmes nerveux sont en communication et, nouveau paradigme, s’influencent mutuellement.

Le microbiote intestinal est composé d’environ 100 000 milliards de micro-organismes, majoritairement bactériens, et est considéré comme un organe à part entière. Il y a environ 1 000 sortes de bactéries et le tout pèse 2 kilos. Le microbiote joue un rôle dans les fonctions digestives (fermentation des fibres alimentaires ; synthèse de vitamines) et dans les fonctions immunitaires et métaboliques.

Il joue un rôle de barrière contre les bactéries, les polluants et les endotoxines. Il contribue à la production de vitamine K et d’acide folique. S’il est débalancé, il peut conduire à des états inflammatoires et des troubles pathologiques (résistance à l’insuline, diabète de type 2, obésité). Il peut varier sous l’effet de l’environnement, de l’alimentation, du sexe ou de l’âge.

La communication entre le système nerveux central et le système nerveux intestinal est par les nerfs vagues. Plus de 30 neurotransmetteurs du cerveau (sérotonine, acétylcholine, noradrénaline, glutamate…) sont aussi présents dans les neurones du ventre. L’intestin, d’ailleurs, fournit plus de 90 % de la sérotonine de l’organisme. La dopamine et la tryptamine intestinales jouent un rôle dans l’anxiété. Un débalancement de la flore change la sécrétion des neurotransmetteurs et peut provoquer des troubles de l’humeur.

«Avec ces substances psychoactives endogènes, le ventre a le pouvoir de donner naissance à du découragement ou à de l’enthousiasme, à de l’impuissance ou à du plaisir, à de la dépression ou à de l’accomplissement» (M. Gershon, Ibid.). Un microbiote altéré peut mener au syndrome de fatigue chronique, à la maladie de Parkinson, à la maladie d’Alzheimer ou à la sclérose en plaques.

Comment fortifier son microbiote ? D’abord par son alimentation en favorisant les fruits et légumes, en réduisant les produits ultra-transformés, en prenant des prébiotiques (chicorée, agave, ail, asperge, banane, artichaut, topinambour), en ajoutant des acides gras à chaîne courte, en évitant les additifs alimentaires (émulsifiants) et en ajoutant des aliments fermentés (yaourt, cornichons, choucroute, soupe miso, kimchi, pain au levain, levures) et des boissons fermentées (kombucha, kéfir, laits fermentés).

La restriction calorique intermittente et l’activité physique sont bénéfiques pour le microbiote. Les recherches se poursuivent, notamment avec l’intelligence artificielle (IA) et la bio-informatique. «La variété et la quantité des populations bactériennes présentes dans le système digestif, et les fonctions qui leur sont associées, reflètent souvent l’état de santé d’un sujet. Mais encore faut-il savoir les interpréter !» (Ibid.).

Billet # 322

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