L’intestin de Nicolas Oh! La! La!
Salut! Je suis Nicolas et ça fait trois ans que je fais baver mes parents à cause de mon intestin. Je dois vous dire qu’au début, ce n’était pas volontaire.
Après ma naissance, j’ai passé mon méconium et puis j’avais 4 selles normales par jour. J’aurais pu n’en avoir qu’une aux deux jours et aurait été normal aussi. Je n’avais pas de difficulté pour évacuer ma selle; tout se passait comme un charme jusqu’au jour où mon cordon ombilical est tombé. Alors là! la dynamique pour faire mon caca a complètement changée.
Subitement, j’allais à la selle juste une fois par semaine. Après un jour ou deux, je devenais plus maussade et irritable; je me tortillais de plus en plus et je ballonnais. Je buvais moins et plus souvent car mon estomac avait moins de place pour se dilater. Tout se normalisait pour deux jours après avoir fait une selle et je n’étais pas constipé: ma selle était de consistance normale mais abondante. Mes parents en avaient pour leur argent.
En fait, c’était plus fort que moi. Après que mon cordon soit tombé, lorsque mon intestin mettait de la pression, je contractais mon anus (sphincter) et je poussais vers mon nombril. Je devenais tout rouge et ma mère croyait que j’essayais de faire ma selle; en réalité, je me retenais.
C’est ma grand-mère qui a donné le truc pour régler ça: à l’aide d’une main on me replie les jambes sur le ventre, la main reposant sur mes tibias; de l’autre main, on fait pénétrer un coton-tige vaseliné dans mon anus, pas plus de deux centimètres. On rentre, on sort, on rentre, on sort… ceci stimule mon sphincter; il se relâche et laisse passer des gaz puis ma selle s’évacue.
Cela m’a pris six semaines à comprendre que lorsque mon intestin poussait, il fallait que je relâche mon sphincter et non pas que je le contracte. Je n’avait plus besoin d’aide extérieure et je faisais mon caca chaque jour sans détour. Et je n’étais plus irritable.
Si ça n’avait pas marché, ma grand-mère avait un autre truc: face à ma mère, j’aurais eu les pieds bien appuyés sur ses hanches et j’aurais été en position demi-assise, retenu dans le dos par une main de ma mère pendant que son autre main, recouverte d’un gant à toucher rectal, m’aurait stimulé le bord de l’anus. Le plan B n’a pas été nécessaire pour moi.
Je vais passer vite sur mes entérites et même mes déshydratations. Récemment, j’ai vu mon médecin; elle a dit: “trouble de défécation avec constipation secondaire”. Je prends plus d’eau, de fruits, de légumes et d’aliments riches en fibre.
Au déjeuner, je mange ma rôtie avec une gelée de framboises fournie par le pharmacien pour amollir mes selles. Mais ce n’est pas prêt de se régler. C’est moi qui ai le contrôle et j’aime ça. La situation fait aller mes parents à la toilette! Moi pas.
Le médecin leur a dit d’être patient et que tout se normaliserait dans quelques mois. Hé! Hé! Qui vivra verra…
Billet # 38
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