Le régime cétogène
Le régime cétogène est très à la mode depuis quelques années. Des livres, des publications, des émissions et des commentaires sur les réseaux sociaux lui sont consacrés. «De nombreuses personnes suivant ce régime perdent rapidement du poids et affirme se sentir mieux. Mais les prétendus bénéfices du régime cétogène en ce qui a trait au diabète, à la santé cardiovasculaire et aux risques de cancer ou d’Alzheimer sont loin d’être prouvés scientifiquement…» (L’Actualité, Valérie Borde, 11 septembre 2019).
«Ce régime vise à réduire considérablement la consommation de glucides [sucres] au profit des lipides [gras] pour provoquer un état de cétose. Au delà de la perte de poids importante, il aurait de nombreux bienfaits pour la santé» (passeportsante.net). Mais, est-ce bien vrai ?
Normalement, dans notre régime alimentaire nous consommons entre 45 % et 65 % de nos calories en glucides. Dans le régime cétogène, les glucides sont limités à 50 g ce qui représente 5 % des calories quotidiennes. La proportion des protéines demeure à 20 % et celle des lipides monte à 75 %. «Cette alimentation renverse donc complètement notre traditionnelle pyramide alimentaire et ses grands principes» (passeportsante.net).
Sont donc exclus presque totalement les produits céréaliers (pains, pâtes, céréales), les féculents, les légumineuses, les produits qui contiennent du sucre ajouté (biscuits, pâtisseries) et de nombreux fruits et légumes. Sont inclus la viande, le poisson, les fruits de mer, les oeufs, les noix, le yogourt nature riche en gras, les laitages, les huiles végétales et les légumes verts feuillus.
Comme les glucides sont très limités dans l’alimentation, le corps puise son énergie dans le glycogène qui est une réserve de glucides entreposée dans les muscles et au niveau du foie. Or, «comme chaque gramme de glycogène est lié à 3-4 g d’eau dans l’organisme, la perte de poids importante au début du régime cétogène est en grande partie une perte d’eau» (passeportsante.net).
Par la suite, le corps métabolise les lipides pour produire son énergie. Les produits de dégradation sont les corps cétoniques qui s’accumulent dans le sang. On les retrouve dans l’haleine et dans les urines deux à quatre semaines après le début du régime. L’appétit est diminué, ce qui contribue à la perte de poids. Des nausées et de la fatigue peuvent être présents.
Michael Greger, médecin américain spécialisé en santé et en nutrition, a revu de nombreuses études sur le sujet dans une série vidéo (Volume 47, les 2, 4, 9, 16, et 18 septembre 2019). Il affirme que la vraie perte de gras est diminuée de plus de 50 % dans le bilan de graisse corporelle à cause de l’apport de lipides.
La perte de poids survient à cause de la perte d’eau et de protéines aux dépens des muscles. La fonte des muscles atteint 8 % de la masse musculaire et entraîne une diminution de force, d’endurance et de performance. De plus, l’état d’acidose chronique favorise l’ostéoporose, les fractures, les calculs rénaux et chez le jeune avec une épilepsie réfractaire, un retard de développement.
Dans l’obésité, le régime cétogène crée un désavantage métabolique et une diminution de la perte nette de gras. Dans le diabète de type 2, malgré une amélioration temporaire de la glycémie, la prise de produits sucrés provoque une intolérance au glucose cinq fois plus importante. Par l’accumulation de produits oxydants, les nerfs et les vaisseaux sanguins sont attaqués, accélérant la survenue de maladies dégénératives (maladies cardiovasculaires, rénales, d’Alzheimer et cataractes).
«Pour bien des gens, passer au régime cétogène revient à éliminer une bonne partie de la malbouffe et fait baisser la consommation totale de calories, d’où la perte de poids. Mais adopter les recommandations sur la saine alimentation- manger de tout, en agréable compagnie mais seulement à sa faim, et éviter les aliments ultra-transformés- est beaucoup plus efficace pour la santé» (Valérie Borde, ibid.).
Billet # 217