L’effet placebo reconnu
Enfin ! La science reconnaît que l’effet placebo n’est pas qu’un effet psychologique. «Le placebo n’est pas une illusion : c’est un effet psychobiologique actif très puissant que l’on peut observer et quantifier». Cette citation est tirée d’un dossier qui s’étend sur 17 pages dans la revue Science et Vie du mois d’octobre 2019.
Les neurosciences, la biochimie et la génétique participent à cette reconnaissance. Le neuroscientifique Fabrizio Benedetti de l’université de Turin affirme que l’effet placebo est un «phénomène psychobiologique actif qui se produit dans le cerveau du patient et qui est capable d’influencer à la fois l’évolution d’une maladie et la réponse à une thérapie» (ibid.).
Il y a donc une composante biologique qui se manifeste en homéopathie, mais aussi dans des thérapies pharmacologiques, physiques, chirurgicales et psychiques. Les recherches montrent que l’effet placebo agit contre la douleur mais aussi dans l’asthme, la dépression, le stress post-traumatique, les troubles de comportement, les troubles cardio-vasculaires, les maladies inflammatoires, les infections, le syndrome du côlon irritable, la maladie de Crohn, la maladie de Parkinson…
Le chercheur Pascal Tétreault du département d’ingénierie biomédical à l’université d’Alberta confirme que «l’effet placebo peut désormais être observé et quantifié» (ibid.). Le professeur à la faculté de médecine de Harvard Ted Kaptchuk ajoute : «Les traitements placebo fonctionnent au travers de réseaux neuronaux et de neurotransmetteurs qui sont dans le cerveau, pas dans l’imagination» (ibid.).
Différentes régions du cerveau sont activées : d’abord le cortex préfrontal, puis l’amygdale, le noyau accubens, la substance grise, le bulbe rachidien, le cortex somato-sensoriel, le cortex cingulaire antérieur et l’insula. L’organisme produit ses propres médicaments comme les endorphines pour la douleur, les endocannabinoïdes dans les maladies inflammatoires et la dopamine dans certaines dépressions.
Comment l’effet placebo est-il activé ? «Il suffit qu’un patient soit convaincu qu’un soin -réel ou non- lui est administré pour qu’il se manifeste. Pas besoin de véritable action pharmacologique : la confiance accordée au soignant, la force de son discours, l’attention qu’il porte à son patient, le mode d’administration du traitement (injection, pilule…), en un mot tout le rituel entourant un traitement a le don de déclencher dans le corps l’autoproduction de molécules thérapeutiques» (ibid.).
C’est le pouvoir de l’esprit sur le corps. C’est probablement le même mécanisme que l’hypnose et la méditation. «Et [ces trois approches] sont basées sur la suggestion, d’origine intérieure pour la méditation, ou extérieure pour l’hypnose ou le placebo» (ibid.).
Les personnes qui répondent très bien au placebo comptent pour 30 % et celles qui répondent bien, 20 %. Les traits de personnalité importants pour ce faire sont l’optimisme, la suggestibilité et l’empathie. «Quand à l’attention, la suggestion , l’établissement d’une relation de confiance, ils restent de puissants leviers de l’effet placebo que la communauté médicale pourrait mieux exploiter» (ibid.).
Billet # 224