Le toucher en carence
«L’absence de toucher en ces temps de pandémie nous prive d’une voie pour communiquer notre affection, notre bienveillance, notre sympathie». Ainsi s’exprime Ariane Lazaridès, psychologue. Ce billet s’inspire de deux articles d’Isabelle Morin parus dans La Presse + du 8 juin 2020.
Wikipédia définit le toucher comme «l’un des sens extéroceptifs de l’animal (dont l’humain), essentiel pour la survie et le développement des êtres vivants, l’exploration, la reconnaissance, la découverte de l’environnement, la locomotion ou la marche, la préhension des objets et la nutrition, le toucher d’un instrument de musique, la recherche de l’exposition solaire ou la quête d’un espace agréable, les contacts sociaux, la sexualité…».
Notre peau contient différents récepteurs sensibles à des sensations diverses. Celles-ci remontent les nerfs jusqu’à la moëlle épinière puis le cerveau. Le centre de traitement du toucher est situé dans les lobes pariétaux. Le toucher est le premier sens qui se développe et le plus complet à la naissance.
«Le toucher permet de communiquer une gamme d’émotions et d’intentions : la joie, la tristesse, la fierté, la protection, la solidarité, la compassion, l’affection…, indique Gonzalo R. Quintana Zunino, professeur en sexologie et psychologie à l’Université Concordia et à l’Université de Tarapaca, au Chili» (Isabelle Morin, ibid.).
«Il y a vraiment quelque chose d’essentiel dans le contact physique, affirme la psychologue Ariane Lazaridès. En vieillissant, ce n’est plus notre développement qui en dépend, mais beaucoup d’informations continuent à se transmettre de cette façon. C’est une manière de communiquer entre nous qui passe plus directement que par les mots» (Isabelle Morin, ibid.).
Ariane Lazaridès poursuit : «D’un point psychologique, la communication de l’affection, de la compassion ou du soutien est directe avec le toucher. Quand quelqu’un est en détresse ou qu’il n’est pas en mesure d’analyser les mots et de les comprendre, le toucher est un sens qui reste disponible pour accéder directement au ressenti» (Isabelle Morin, ibid.).
«L’équilibre entre quatre hormones contribue à notre bonheur : Les endorphines (E), la dopamine (D), la sérotonine (S) et l’ocytocine (O), ce que le conférencier Simon Sinek, qui est à l’origine d’une des plus populaires causeries de la série TED, décrit par l’acronyme EDSO. Les premières (E), expliquent le sentiment de bien-être dans l’effort et la douleur. (D), la satisfaction ressentie dans l’action (en cochant notre liste to do, par exemple). (S) s’active quand on éprouve de la fierté, tandis que (O) est sécrétée quand on se sent aimé» (Isabelle Morin, ibid.).
La sérotonine (S) et l’ocytocine (O) dépendent de notre relation avec les autres. Comment compenser ? :
- Faire des gestes de gentillesse gratuits augmente notre niveau d’ocytocine (O).
- «L’automassage, l’ ”auto-câlin”, le yoga, la méditation, l’activité physique peuvent nous aider à garder le moral
- comme le fait de maintenir son corps dans un contact sensible avec ce qui nous entoure : une brise, la douceur d’un drap, la texture d’un aliment…» (Isabelle Morin, ibid.).
- Se remémorer des contacts apaisants par l’imaginaire ou par un objet (douillette).
- Partager une activité physique à distance (danse).
- Découvrir de nouvelles façons pour exprimer ce que nous ressentons (écrire une lettre, un poème. Faire un dessin pour quelqu’un).
Toutefois, «Rien ne compense tout à fait l’absence d’étreintes et de contacts physiques, ainsi qu’un toucher provenant d’une personne qui nous veut du bien» (Isabelle Morin, ibid.).
Billet # 253